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Depuis plus de 35 ans, La Cassine en Ardenne©, anime ce site au patrimoine exceptionnel et à l'Histoire passionnante. 

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PATRIMOINE

L’Histoire passionnante du site

Le mot Cassine vient de l’italien dialectal Cassina qui désigne une maison de campagne. Le site de La Cassine est riche d’Histoire. Des personnages illustres y ont vécu, s’y sont rendus et y ont entrepris des œuvres magistrales qui perdurent plus ou moins aujourd’hui : un couvent et trois châteaux qui finirent tous en ruine. Que ce soit par l’oubli, la foudre ou les flammes, leur dégradation fut longue et pénible, le temps les grignotant sans état d’âme. Mais, même dans leurs décombres, même en partie effondrés, ils gardèrent toujours une noblesse impérissable. Ils rappellent aux mortels que la vie est courte et cruelle et que même les plus beaux et solides édifices connaissent un jour une fin. Tel un phénix, la culture le fait aujourd'hui revivre chaque soir de spectacle.

Quelle histoire patrimoniale riche hante ces lieux encore aujourd’hui ! Celle-ci commence avec le premier château, simple fort, « Le Lury »[1], abattu en 1571 pour construire le château renaissance. Le moine chartreux Dom Ganneron[2] a écrit que les comtes du rethélois venaient rarement à Rethel mais demeuraient presque toujours au château d’Omont, à cause de la munition du lieu et parce qu’il permettait d’organiser de grandes chasses.

Six ans après leur mariage, Louis de Gonzague et son épouse Henriette de Clèves[3] vont bâtir l’un des plus beaux châteaux Renaissance de France. Ce couple de bâtisseurs avait notamment œuvré à la transformation du Palais des Tournelles à Mézières en 1570, à l’agrandissement du château de Rethel en 1585 ou encore à l’aménagement de l’hôtel de Nevers à Paris en 1572.

La plupart des archives de cette construction sont à Monaco. On y trouve les contrats avec les entrepreneurs (dont le premier est daté du 8 novembre 1572), l’autorisation royale d’exonérer les habitants de La Cassine d’impôts. C’est aussi au cœur de ces archives que l’on trouvera les matériaux utilisés pour l’édifice (les pierres de taille ocrées d’Authe qui deviennent grises avec le temps), pour les fondations (la pierre des carrières de Vendresse), ou encore pour la toiture (les ardoises transportées sur La Bar, beaucoup plus large et navigable à l’époque). Les premiers travaux débutèrent au printemps 1573, dans cette zone basse et marécageuse qu’est le site.

Un château Renaissance certes, mais aussi un château-forteresse selon la gravure de Chastillon (1606) ; il aurait été composé d’un vaste rectangle de 18.000 mètres carrés, clos de murailles aveugles, avec quatre tours circulaires en ses angles, deux chapelets à tourelle et un pont-levis contrôlant les accès, de vastes fossés autour emplis d’eau par un canal de dérivation de la Bar, d’un chemin couvert à glacis[4], de trois demi-lunes[5] et d’un ouvrage à cornes dénommé « le ravelin[6] du roi ».

Pourquoi aussi bien protégé, quelle utilité d’une place forte à La Cassine ? Probablement du fait de l’isolement complet en pleine campagne conjugué à la proximité de la principauté de Sedan (armée et protestante). Le siège d’Omont de 1591 poussa probablement le duc de Nevers à fortifier d’autant plus son château de La Cassine en 1593 comme l’atteste le document[7] intitulé : « Toisage général des murailles tant grosses que petites faictes au chasteau de La Cassine le Duc, les quatriesme et cinquiesme jours de juin 1593, par commandement de monseigneur » le duc de Nevers. ». Il y est fait mention d’informations comme la longueur du ravelin vers le petit bois de 23 toises et 2 pieds (environ 45 m).

Toutes ces fortifications ont été entreprises par Louis de Gonzague et poursuivies par son fils Charles (1580-1637) qui succédera à ses parents à la tête des duchés de Nevers et de Rethel, puis deviendra duc de Mantoue et de Montferrat.[8]

Le château

C’est un édifice polychrome avec le beau jaune ardennais, la brique rouge (mâtinée pour les clôtures, la muraille du jardin, les écuries mais pas le logis, même si elle semble avoir été largement utilisée) et le bleu des ardoises. Cette polychromie avait été utilisée lors de la reconstruction du palais des Tournelles à Mézières ou pour l’hôtel de Nevers. Charles reprendra ces standards pour la place ducale de Charleville avec la présence de dômes gageant ainsi de la similitude architecturale et du lien filial.

L’ensemble forme un H majuscule[8] :  l’agencement, l’aménagement et la composition des pièces et ailes conféraient une totale autonomie au château et à ses occupants. Dans son aile est (la plus noble), on y trouvait les appartements princiers à l’étage avec la chambre monseigneur, qui alliait luxe et confort par la présence de cheminées, de vastes balcons, de larges fenêtres, d’antichambres, de garde-robes, etc. Le rez-de-chaussée, quant à lui, abritait la chambre de musique mais aussi la majestueuse grande galerie[9] aux 7 fenêtres avec un accès dérobé à l’oratoire privé du prince (pour entendre la messe). En ce rez-de-chaussée, on y trouvait le cabinet des miroirs, le cabinet doré (ou chambre demoiselle), la chapelle (15m x 7m, polychrome, marbre et jaspes au sol, panneaux de boiseries et tapisseries sur les murs, vitraux et fresques sur la voûte simulant un ciel d’azur constellé d’étoiles), la remise des carrosses (construite plus tard avec 6 arcades), et le jardin qui achève cette aile est avec la chambre du sauvage (un tableau représentant un sauvage s’y trouvant).

Dans le corps central (réservé aux réceptions), on y trouvait la grande salle, la grande chambre d’en haut dont l’accès se faisait par la cour, grâce à deux escaliers en fer à cheval (que l’on retrouve au château de Fontainebleau), chaque escalier était dominé par une tourelle à dôme.

La traversée de la cour, fermée par une muraille en hémicycle, nous amenait à l’aile ouest (1663). On y trouvait la chambre de monsieur le duc et son cabinet vert (boiserie peinte), les communs, les latrines, l’armement (les arsenaux y étaient rassemblés, en communication directe avec la chambre de Louis de Gonzague, et il s’y trouvait tout l’équipement militaire : mousquets, arquebuses, canons, armures, etc.).

Venaient ensuite les offices (cuisine, pavillon avec balcon), tous les services nécessaires à nourrir un prince (boulangerie, garde-manger, sommellerie, puits, égout qui se déverse dans les fossés, etc.). Puis les annexes appuyées contre le rempart ouest, ses 15 cellules de domestiques, sa caserne, le logis du gouverneur (qui occupe aussi la tour d’angle sud-ouest : tour gouverneur), le colombier (dans la tour d’angle sud-est) et les vastes écuries.

Les espaces verdoyants

Le jardin du château était réservé exclusivement au prince. Isolé, clos de hautes murailles, à l’abri des regards (domestiques et soldats), c’était un parterre divisé en 4 compartiments (réseau de pelouses entourées de buis taillés).

Hors de l’enceinte, le jardin extérieur était doté d’aménagements spectaculaires, comme l’allée madame vers la ferme de la Gravelle, ou encore le mail et sa quadruple rangée de chênes. Le long de cette beauté végétale, il se trouvait le potager de plus de 15.000 m². Il était traité tel un jardin à la française avec ses 12 compartiments carrés et sa centaine d’essences d’arbres (merisiers, pruniers, poiriers, pommiers, etc.). Alliance de la beauté visuelle et du goût : les légumes devaient dessiner des arabesques. Aujourd’hui, à la suite de l’incendie de 1697 qui a tout ravagé et qui n’a hélas pas été suivi d’une rénovation, il ne subsiste que la base des murs d’enceinte ouest et nord, des tourelles du châtelet nord, de la tour d’angle nord-est en partie dissimulée et les deux tourelles à base talutée du châtelet ouest.

Le Couvent des Cordeliers

Entre unité et changement, il fut construit de 1579 à 1587. Il est alors tenu par 6 prêtres et 6 diacres. Le duc et la duchesse leur accordèrent 5 arpents de terre, 32 arpents de bois de haute taille et un muid[10] de froment à prendre au moulin de Vendresse. Situé à "une volée de canon" du château, à l’extrémité du mail et du potager, il fut sécularisé à la Révolution et transformé en ferme ensuite.

Son architecture est en forme de carré à orientation cardinale autour d’un cloître dont quelques fragments de colonnes furent retrouvés, mais le préau, quant à lui, a disparu.

Au nord, la chapelle et son chœur à l’est : sa charpente en carène renversée, ses vitraux de verre blanc montés en plomb lui conféraient une atmosphère austère (ordre mendiant), une grandeur et une sévérité avec ses murs autrefois badigeonnés de blanc. Des arcades pour des chapelles latérales sur le mur nord (piscine liturgique à soucoupe polylobée pour l’écoulement en terre de l’eau consacrée ayant servi à laver les calices), un oratoire ducal réservé à Henriette de Clèves (l’entrée n’était autorisée qu’aux hommes) et selon les textes une place d’honneur pour le duc de Rethel avec un tapis brodé à ses armes dans le chœur de l’église surmontée d’un clocher.

À l’ouest se trouvait le dortoir des moines. On y remarque encore en façade les armes des Gonzague :

  • Le Mont Olympe (en ronde-bosse) sur lequel se trouve un autel surmonté d’une couronne ; au sommet, la devise Fides symbole de la foi des Gonzague, de leur religion, de leur piété : atteindre la Jérusalem céleste,

  • Les branches écôtées et croisées : emblème des comtes de Rethel,

  • La rose : fleuron des Gonzague,

  • Le H d’Henriette et le lambda de Louis, visibles sur le pignon de l’église et sur le soubassement d’une des deux tours d’entrée du château.

Notes

1] Lury, Loiacum, Laurice, Luriace, Loeium : un simple fort ? Dans les textes ecclésiastiques de l’époque, on l’évoque en tant qu’ancien petit château entre Vendresse et Sauville, gai et agréable mais trop petit pour loger un tel prince et sa cour, ou encore il est parfois fait allusion à ce château en tant que débris d’un vieux château, dit de Lorry ou Lire ou encore le château Luriace.

[2] François Ganneron, né vers 1590 à Dammartin-en-Goële, mort le 24 août 1668 à la chartreuse du Mont-Dieu, est un moine chartreux, un chroniqueur et historien, écrivant en latin ou en français, et un poète.

[3] Louis Gonzague, ou Ludovic Gonzague (Ludovico Gonzaga en italien), né le 18 septembre 1539, décédé le 23 octobre 1595, est un prince italien, un militaire et un homme politique français, fondateur de la maison de Gonzague-Nevers, qui fut duc de Nevers, comte puis duc de Rethel et prince de Mantoue. Issu de la maison de Gonzague qui régna au XVème siècle sur le duché de Mantoue, il fut envoyé très jeune à la cour de France pour être élevé avec les enfants de la famille royale des Valois. Compagnon d'enfance du roi François II, naturalisé français, marié à Henriette de Clèves, meilleure amie de la reine Margot.

[4] Le glacis est un terme désignant à l'origine un terrain découvert, généralement aménagé en pente douce à partir des éléments extérieurs d'un ouvrage fortifié.

[5] Mur à angle saillant, destiné à protéger les angles des bastions

[6] Synonyme de demi-lune

[7] Sources BNF.

[8] Il nous est aisé de penser au H d’Henriette

[9] 19 jeux de billard, 3 trous madame dont 2 avec 16 marteaux d’ivoire

[10] Muid : une ancienne mesure de capacité pour les grains et autres matières sèches et également pour les liquides

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